Les expositions de Gilbert Lupfer réservent toujours une bonne surprise aux visiteurs. La 8ème édition est à peine entamée qu’il prépare déjà la 10è, sachant que la 9è (2005) sera différente des précédentes. Étonnante, de toute façon.
Depuis samedi, son atelier de la rue Saint-Paulin à Saint-Epvre accueille du beau monde. Aussi beau que les toiles gigantesques qui ornent les lieux. La seule différence avec sa production habituelle, c’est la matière : « J’invente des produits à partir d’enduits et de colle que j’améliore pour donner une certaine souplesse à l’oeuvre. Important la souplesse dans une peinture. Pour moi c’est une autre façon de travailler », explique-t-il avec conviction. « Je fais des essais. Dans un an, je verrai si ça tient, si ça craque … Pour l’instant, ça tient plutôt bien. »
La superbe toile située à l’entrée de l’espace en est la meilleure preuve. Un homme blotti contre une femme, dans des tons pastel. On lui fait remarquer que « c’est beau ». Il répond : « Ce n’est qu’un essai ». Sous entendu, de matière. Voilà qui promet, même s’il ignore s’il persévérera dans cette voie.
Le triptyque au fond de la galerie ressemble à … « Mais non, c’est différent ; je lui ai donné plus de caractère, plus d’âme. Il n’y a pas de nom. C’est parfois destructif un nom ». Un éclaboussement de couleurs sur lequel le regard va, vient et revient. Le peintre sculpteur, poète et créateur, s’emballe quand on l’interroge sur ses bonshommes sculptés dans la matière. Une faïence bleue, férocement belle. Il a planqué une cinquantaine de figurines dans un meuble austère qu’il ouvre ou referme au gré de son humeur. Ces apparitions et disparitions sur commande l’amusent beaucoup. Les personnages n’ont pas de bras. Il explique : « Dans une masse humaine, on ne voit jamais les bras. Seule l’expression du visage et du corps semble intéressante. C’est comme les jambes et les pieds : jamais apparents. ». Ça simplifie les choses.
Quant à la vaisselle harmonieusement étalée dans le décor … Il se défend : « Ce n’est pas de la vaisselle, mais des éléments déformés. » Nuance. Impossible de se servir des verres et des couverts, tous artistiquement modifiés dans leur structure. Drôle et contemporain sur les bords. Zut… le sujet qui fâche : « Je n’aime pas le contemporain où le regard ne se retrouve pas. »
Lors du vernissage, Brice Lrond, vice-président du conseil général, et des maires du secteur ont été les premiers visiteurs de l’exposition 2004. Elle dure jusqu’à ce dimanche, mais la salle d’exposition est garnie en permanence !