Loin du conventionnel et hermétique au « système » instauré dans le milieu de l’art, Gilbert Lupfer expose dans son atelier. Pas de thème, cette année, mais toujours un style bien reconnaissable.
Gilbert Lupfer expose depuis neuf ans à Saint-Epvre. Chaque année, il propose des thèmes différents : « C’est beaucoup de risques, car on dit alors « Il se cherche », or ce n’est pas le cas. Seulement, j’aimerais trouver quelque chose d’extraordinaire, à quoi personne n’aurait jamais pensé », précise-t-il. De fait, il a déjà un style bien à lui que l’on reconnaît en un coup d’œil. Ainsi, dans la principale salle de l’atelier, on sait que l’éclat des couleurs et le genre des courbes sont signés Lupfer sans coller son nez en bas des toiles.
Son expo 2005 s’appelle… Elle ne s’appelle pas. Anticonformiste par nature plus que par goût, l’homme ne baptise pas ses œuvres. Et cette année, « il n’y a pas de thème. » Il note juste : « On y retrouve mes lignes, mes courbes, l’épuration : tout ce qui est mon caractère. » Beaucoup de peinture (qui s’étalent sur les murs, au plafond et au sol) et quelques pièces différentes, comme ses tables-échiquiers, réalisées suite à une commande.
Les commandes, cela donne envie de lancer Gilbert Lupfer sur le thème du « marché » artistique : « Je peins, je sculpte, je fais tout ce que je peux faire… dans mes moyens ! Moi, j’aimerais faire des sculptures en bronze, mais ça, coûte cher ! » Et quand souvent ce sont ses petits modèles qui se vendent, il regrette de ne pas avoir pu les réaliser sur 2,50 m de haut.
Il déplore : « Certains font n’importe quoi et ils reçoivent des sommes énormes. En plus, en étant dans des villages, c’est dur, dans le sens où si on veut exprimer ce qu’on pense, on nous ferait des problèmes. » Il poursuit : « Il y a de la place pour ceux qui ont été fabriqués, pour ceux qui ne gênent pas. Quant à ceux qui sont soi-disant gênants et qu’on accepte d’exposer… c’est de l’hypocrisie. »
L’homme reste fidèle à ses principes : « Il faut aller vers un cheminement qui est le sien, et non aller vers ce qu’on nous demande. »
Paru le : 7 juin 2005 dans le Républicain Lorrain (Sbg / Delme)